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Verdon
"Tom et je ris"
Copyright Pehuen Grotti

GMHM

10 nov. 2018

Voyage à la MECQUE!

Des miles de fissures à suivre pour ce mois passé en Californie, un ciel bleu permanent et un massage d'épaules à vif. L’occasion de comprendre ce que représente l’escalade en ces terres saintes. Voyage du GMHM à la Mecque!



Nous débutons dans les Needles. Ce massif épineux regorge de bijoux : des couennes aux grandes voies de 250m la pureté du rocher force le respect. Un caillou blanc, adhérent et lisse. 


Pas étonnant que le talentueux Toni Yaniro ait passé ici une partie de sa vie grimpante. Il ouvre des mythes que nous nous empressons de parcourir. Nous grimpons notamment le célèbre « Romantic Warrior ». 



Peut être la plus belle voie de ce style que j’ai eu la chance de parcourir jusqu’ici? Un bel effort pour enchainer les quelques solides 5.12b qui composent le crux de la voie. Les protections sont bonnes mais il faut du temps pour les placer. Les petits cablés RP’s nous sauvent, un style résolument varié ou il faut faire confiance en ses pieds. En écart (stemming) ou en dulfer (layback) la composante physique est surprenante pour ces longueurs ne dépassant pas la verticale. 


Le dernier jour de l’étape nous grimpons avec Léo « Pyromaniac » 5.13b, que nous parcourons en ayant préalablement posé les protections depuis le haut. Léo flash la longueur (voici un jeune solide!) dans un combat tout en cris sharmatiques. ll me faudra en revanche plusieurs essais mais je m’octroie l’enchainement non sans peine et gourmandise. Une section résistante où il faut garder le gainage et avancer, un avant goût de la fuite en avant qui fait, dit on, le charme des fissures du Yosemite… Gloups

Nous bougeons donc à la Mecca pour 3 semaines après cet apéritif qui m’a déjà mis les ados et les épaules à l’envers. 

Quel choc!





El capitan est bien aussi majestueux qu’on le dit. Son échelle fascine tant les touristes que les grimpeurs. Ces petits points qui s’agitent avec une lenteur comateuse nous prouvent la difficulté de la tâche à venir. Résolument décidés à nous fondre dans le décors un bon bout de temps nous aussi, on tombe d’accord pour la discipline adéquate : l’artif. 


Pacific Ocean Wall (800m A3+ max) est une base du genre. Cette entreprise logique n’a pas connu de répétitions depuis 2014. Il n’en fallait pas autant pour aiguiser notre motivation déjà bien guronzée. Réputée dangereuse, cette voie parcourt le mur des premières lueurs, en face Sud Est d’El Cap. Une paroi résolument raide où la chute sans corde dans la dernière longueur vous laisserait patienter jusqu’au sol pour la sanction ultime. Armés de tous nos Lost Arrow (enfin presque!) Plombs, crochets et autres nez d’oiseaux nous hissons nos 40 litres d’eau dans une lenteur repoussante. 





Suivre les pas de Jim Bridwell me met une petite pression, d’autant plus que nous n’avons pas emporté avec nous sa botte secrète. J’ai beau fouillé mes poches, aucune pilule ne me roule sous les doigts. Par bonheur le passage de nombreuses cordées depuis 78 a fait chuter le curseur technique. Nul besoin de s’inviter dans une transe chimique pour sortir de la longue traversée de son océan granitique. Il suffit pour certaines longueurs de s’imaginer que les points sont solides pour finalement n’avoir à faire qu’un vilain A0 sur plombs et rivets en place. Ces petits tétons métalliques pointent avec envie leur léger angle vers le haut. Cela rassure le grimpeur qui s’y suspend. En revanche l’idée que l’un deux débande et vous précipite lâchement vers le bas vous donne l’envie machinale d’appeler votre matriarche. Tant que rien ne bouge, le sport est plutôt aisé, mais le trou dans l’air n’est pas motivant. Nous nous rassurons en lisant une citation de Bridwell insistant sur la raideur de la face : «  J'aime les voies surplombantes , elles vous offrent le luxe de faire une erreur, alors que dans le cas contraire les chutes longues peuvent être fatales"» On lui fait confiance….



C’est quatre jours et quelques petits cris à peine réprimés plus tard que nous sortons au sommet d’El Cap. Une grande satisfaction pour nous tous malgré le fait que nous n’ayons tenu aucune prise dans les mains… Vraiment une discipline surprenante!



Nous vaquons ensuite à des occupations plus classiques où se déplacer (repter?) vers le haut se fait par l’utilisation de ses doigts en contact avec le rocher. Apparemment l’escalade c’est ça à la base, mais nous l’avions oublié. Direction Final Frontier (250m, 8a max) à Fifi Butress que nous enchainons avec Léo. Difficile pour moi de trouver le bon niveau de tension entre : "Merde je force trop" et « Putain chef j’ai zippé". Mais ça rentre doucement!


Après les classiques comme Separate Reality, 


(qui tasse tout de même bien le ticket d’entrée du septième degré !), nous nous lançons dans Father Time (600m, 5.13b max à Middle Cathedral) avec Léo et Benjamin. Cette voie est une initiation privilégiée à l'escalade libre sur des grandes parois. L'accès, comme souvent au Yosemite, y est rapide. Les conditions ainsi que la qualité du rocher sont également au rendez vous. Et quoi de mieux pour rêver à de futurs projets que de passer deux jours à grimper des longueurs dantesques juste en face d'El Cap? 







Après un socle de longueurs dalleuses engagées et techniques, le headwall propose une escalade variée en fissures où l'illusion du libre pourra vous poursuivre assez facilement jusqu'à R14. L15 est à elle seule un dictionnaire de techniques nouvelles à appréhender : "Stemming, palming, scumming, smearing, back stepping and high stepping..." Autant dire que pour nous, la description de "Houdini pitch" est restée comme une énigme que nous n'avons pas su résoudre! Une très bonne expérience pour notre cordée néanmoins et une motivation redoublée pour la prochaine fois, à El Cap, avec la baguette de magicien dans le sac de hissage s'il vous plait!


Et pour terminer ce joli voyage un passage dans la Steck Salathé à Sentinel Rock… Rarement du 6a+ vous aura autant secoué les bronches. No comment!!





A refaire d’urgence!

Et oui le granit ça fatigue...






















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