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Verdon
"Tom et je ris"
Copyright Pehuen Grotti

GMHM

19 août 2011

Salsa pour 3 ✡


























---- -- ------ - - --- -Tu sais c'que c'est la différence entre les poubelles et ta femme??
- Heu non...
- Y'en a pas, tu les bourres toute la semaine et tu les sors le week end..."

Zoom sur le zinzin de l'espace


Cet extrait, assez rude au premier abord, d'un dialogue entre un maître et son disciple reflète bien le type de communication que l'on pouvait rencontrer ces derniers jours autour de la Reine Meije (aussi appelée par R. Renaud "Ma montagne", au même titre d'ailleurs que les Tenailles ou le mythique Ama Dablam...).

Et pour cause, une partie du groupe de jeunes varappeurs auquel j'ai le loisir d'appartenir était de sortie dans le coin, Moulinator en tête, avec derrière trois jeunes (Estelle Dall'Agnol, Simon et moi) fermement décidés à le supporter . Et à en découdre par la même occasion pour montrer au vieux ce qu'est "l'anthologie du grand libre en crampon". Cette doctrine prônée par le schizophrénique (mais néanmoins habile montagnard) Simon Rémy sera mise à rude épreuve pendant toute la durée de ce stage court et intense. L'objectif (savamment modifié d'un enchaînement à la Berhault vers une escalade à l'échelle humaine) est de gravir une (et non les trois) face nord de la Grave par un itinéraire corsé à savoir la très classe "Salsa pour trois étoiles".

Cet exquis tracé n'a connu que peu de répétitions à ce jour. Ouvert en 85 par Rougier et Tanguy, il n'aurait été repris qu'une ou deux fois. Nous savons de source sûre qu'il a été gravi par une cordée de talentueux varappeurs composée de Raphaël Borgis et Damien Charignon.  Encore deux qui, comme dirait JMC, "auraient certainement pu attendre encore un chouia..." Bref, nous partons donc pour une sérieuse bastonnade où il va falloir s'employer coton pour torcher dans des conditions de mixte complètement inattendues à cette époque de l'année. Et, en effet, lorsqu'on déboule des Enfetchores ce mardi matin, on découvre un itinéraire glacé à souhait où les goulottes alternent avec des sections de rocher sec. Cool pour les goulottes, moins pour le rocher puisqu'on a laissé les chaussons à la maison. Qu'on se le dise, demain ce sera du grand dry... Peut être même du grand libre??..

Nous franchissons donc les Enfetchores de gauche pour dormir au Promontoire.

Ces découvertes nous permettent de faire passer le temps. La longue escalade jusqu'à la brèche de la Meije nous glisse gentiment au refuge où nous avons réservé. Anticipation oblige, il nous reste 4 places... sur la DZ! Les chouchous (Estelle et Tof) ont droit à un prêt gracieux de duvet Valandré par les gardiens, quant à Simon et moi, nous nous empilons sous une chappe de couvertures en espérant que la nuit ne soit pas trop rafraichissante.



Le réveil peu après est brutal, sordide, ignoble voir même repoussant, mais il est obligatoire. L'appétit à ces heures n'est toujours pas de la partie. On fera sans. L'accès à la face par la remontée à la brèche me laisse un goût comparable à celui du réveil (Une sale douleur au genou me privant du plaisir que procure la remontée de cette taupinière) On redescend de l'autre côté en direction de notre projet...

Le plaisir commence ici, au pied de cette ligne imaginaire. "Imaginaire?!!" (Vous pensez que j'en fais trop??)  Ce n'est pas juste une vue de l'esprit au regard du matériel en place... Un cablé!! + un piton dorénavant... Démerdez vous donc pour suivre le vague tracé donné par le topo en vous fourvoyant le moins possible.

Moulinos assure Sim dans une longueur bien raide du bas de la face
Et c'est parti! Un passage de rimaye déniché par la grande saucisse nous permet d'accéder au pied de la voie proprement dite. Le plaisir va durer 800 mètres... Et ça c'est très bon!! Les conditions sont dantesques. Un vrai régal qui oscille en permanence entre glace raide en goulotte, passages de mixte et rocher à la sauce hard core où le 6a annoncé flirt innocemment avec ce que l'on suppute être du 6c...

Hède après quelques belles longueurs
J'ai la chance sur ce coup là d'avoir devant moi la cordée Moulin-Rémy qu'il suffira de suivre, en bénéficiant, en plus de leurs traces et relais, d'une odeur malsaine dont ces joyeux lurons ne se lassent pas de se gargariser.

Estelle n'étant pas surguronzée pour gouter aux joies de la varappe en tête dans cette zone, je m'envoie tout devant pour finir en reptance totale dans la partie sommitale, ayant légèrement fait sauter le rupteur mental sur la fin de parcours (cf plus loin).

Des conditions de malade donc avec une glace souvent très bonne dans des passages fort raides (quelques bémols malgré tout dans de rares sections où la prudence est de mise avec une neige couscous posée sur des dalles royales). Un bonheur simple et authentique...



Nous progressons dans la bonne ambiance, des longueurs ponctuées d'humour grinçant (en dessous de la ceinture, voire même au fond de la fosse septique) dont je me délecte perversement. Les relans misogynes me peinaient un peu au début de part la présence féminine dans notre groupe de consanguins... Finalement "Héde" (comme nous l'avons unanimement surnommée) a tout compris à notre facétie. La verve acerbe de notre coach la fait sourire. Bonnes vibes!

Juste avant le crux
Le crux de la voie est avalé en artif par Moulinator en style résolument efficace. Malgré tout le bougre nous crie que c'est dur... Simon part dans la longueur avec toujours ses mêmes théories extrémistes sur le grand libre et bien résolu à décoter la longueur à 4+. Impressionnante prestation à base d'onglée carabinée et de tractions violentes (ce dernier ne faisant pas de distinction entre la couleurs des friends pourvu qu'il puisse s'y hisser). Je m'y lance à mon tour, bénéficiant de toutes les protec en place laissées par Moulinos et je torche non sans mal cette longueur de rocher dans laquelle l'emploi de chausson aurait pu se révéler salvateur. En tout cas c'est du 6a qui pique les poulies.

Petit dièdre sympathique
La suite est plus classique avec toujours de la pure glace et des ressauts rocheux déments. La voie rejoint à la Vigie centrale cette bonne vieille Directe Nord du R. Renaud précité... Et là c'est le drame! Grosse baisse de régime, l'envie de se caler en second, de se détendre... Mais la cordée devant nous est déjà loin... Gros artif dans les longueurs finales de la Directe : Crabes dans les friends, tractions sur les pitons... Je sens la force du Simon m'envahir!! (Je suis mauvais joueur car le zinzin a torché en libre toute cette partie où, la encore, le 6a picote les doigts...!) Gros ramping jusqu'à la brèche Zygmondy, on fait pas les 3 dernières longueurs du Grand Pic, la croix est déjà empochée... Traçons à l'Aigle!

Une belle ambiance à la Vigie
On débarque à la tombée de la nuit avec Hède, les deux autres nous ont enrhumé sur les arêtes!! On est décalqué! Un bon repas de Miss Lolo (qui fait vraiment un boulot de dingue! Trop bon et trop cool) et c'est la chute dans un coma violent après 18 heures de reptance dans ce superbe itinéraire.

Vivement la prochaine, mais pas de suite...

Couché de soleil sur l'Aigle


Topo by Moulinos

Le détail...

4 commentaires:

  1. salsa pour 3 feuj ? etrange nom de voie tout cela

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  2. Belle voie, félicitation à vous 3 et à Maitre Moulin.
    Un petit "chercher Charlie":
    http://imageshack.us/photo/my-images/850/arrete.jpg/

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  3. ouverture par Tanguy avec ou sans sa mère ?

    mouahhhhh !

    bravo les gars ! et bravo l'écrivain, peut être va tu attirer les foudres de tes pères, mais c'est si drôle !

    François (pas le français l'autre)

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  4. dans les "jeux de mots caché" :

    - couscous royale

    et c'est tout ... :( j'ai rien trouvé d'autre ...
    combien il en reste ?

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