Hold up à Sialouze

Diego a pas l'air de trouver ça trop dur!!

    Il est 19heures quand nous débarquons, suant et en retard, au refuge du Sélé ce 10 Aout. Un fils de gardien qui arrive à la bourre ça tache... Heureusement qu'on a monté une bouteille de pif! Nos excuses ne tiennent pas devant le regard désabusé du Raoul : "J'ai bien cru que vous m'aviez posé un lapin... Vous buvez qqchose?!" Allez 2 bières. 

    A peine débarqué dans l'antre de ce zèbre que j'ai déjà la tête qui vrille. La soirée va être longue et difficile... En tout cas on se régale du repas de ce soir, un petit marcassin des familles, trop de fromage et encore du gateau. Ouf! "Un petit génep pour faire passer le tout?" Enfermé dans la cuisine, Raoul nous pose la compil de Sialouze gravée par Fred Roulx et qui met dans l'ambiance. Du didgeridoo dément, des rythmes qui font secouer la tête. L'alcool fait son effet. Sur des sujets peu entrainés comme nous, cette substance a des effets désastreux. En tous cas ça jaze, sur le parc, les loups, et bien d'autres sujets dont nous ne dévoilerons aucunement l'existence ici... On rigole bien, une super soirée! Sam, l'accolyte de Raoul, cuisine depuis 10 ans ici. Tout comme Monsieur Gaenzhirt, Sam a eu le droit d'apparaitre dans le topo en donnant son nom à deux belles longueurs d'Unchi Maka... 

    Car si on est là c'est pas juste pour boire des bières et tchatcher jusqu'à minuit. C'est pour défourailler la toute nouvelle du coin (et je parle pas de Maryline qu'on se rassure...). "On?" et oui car aujourd'hui j'ai le privilège de partager ma corde avec une légende urbaine de la varappe. Une voix qu'on oublie pas, un faciès aquilin, presque moqueur, j'ai nommé le terrible Diego Ghesquier. 

                                    

Le dieg sous le soleil de Sialouze

   Ouvertes il y a deux ans, ces belles longueurs de granit n'avaient jusqu'à présent été courtisées par aucun haut alpin... "Pire!" nous confie Raoul, "Y'avait des savoyards qui étaient sur le coup... On pouvait pas se faire voler la première comme ça!!"  

Le topo des lieux

Demain matin c'est grasse mat', lever 7h, on arrive au pied de la face à 9h, une longueur dans l'ombre et on retrouve le soleil pour la suite.

Et c'est parti pour treize longueurs de plaisir! 

Après 4 longueurs qui montent crescendo et une "Ailefroide Moves" en 6c dalle exceptionnelle, nous voici au pied du fameux mur noir de "Gare au Raoul" Je m'y lance!

Au dessus, le beau ventre de Sam Way II

Une longueur de transfert avec un petit pas sur arquées nous dépose au pied de ce qui est présenté comme le crux de la voie... SAM WAY II nous voilà!!

Diego aux prises avec les arquées de Sam Way I

Dans la sortie de Sam Way II, après une section au rupteur. L'altitude, sans être extrême, nous secoue dans le dur!

     Pas de photos de Diego dans le crux, juste quelques bouts de film disponibles dans un petit montage à la sauce Sialouze disponible sous peu...

     La suite c'est La crampe, une longueur sympa qui nous dépose au pied de la flamme sommitale. Le rocher est tellement pur et les couleurs si magiques....

Une longueur de pause que l'on décide de coupler avec Le tablier pour une envolée géniale de 60 mètres sur du rocher... somptueux!!

Diego dans le génial Tablier, sans doute une des plus belles

Le crux du tablier, une longueur... excitante!  
N'est-ce pas Raoul??!! ;)

Nous voilà au pied du Laminoire, je m'y jette. Une escalade en fissure large sur du rocher parfait. Mais surtout un beau combat! Quelques friends peuvent être rajoutés (n° 3.5)  mais la fissure est déjà bien équipée.

Le laminoire...

Dieg dans le haut du laminoir

 

Cette longueur derrière nous, il nous en reste 2... Bullshit sera la suivante, un pur bloc!

La dernière longueur est sans doute la plus courte, la plus facile... La plus belle?? Elle nous dépose pratiquement au sommet de Sialouze, une première pour moi sur cette falaise, une super croix pour une journée de varappe extraordinaire...

Diego tronche Bullshit à vue, s'octroyant ainsi l'enchainement en libre de la voie, en restant quelques minutes dans le crux à déchiffrer... Quand je le vois s'engager dans le pas je comprend que ça va être dur! Un pied droit qui croustille, une sale verticale main gauche en épaule à arquer en bidoigt et un mouvement très aléatoire pour chercher une autre épaule main droite en arquée... humide qui plus est!! moi je triche en tirant sur la dégaine dans le premier pas... Je m'avoue vaincu! Par contre je ne peux pas m'en aller sans torcher Sam Way II que j'avais loupé de peu flash tout à l'heure. 

La redescente en rappel sera donc ponctuée d'une pause dans le beau dévers noir. Manque de bol, juste avant d'arriver au relais mon chausson m'échappe et tombe dans le vide.... Non!! Dieg me prette une de ses babouche qui me vaudra un sale zip de pied dans le crux. Je torche cette belle longueur non sans souffrance. L'altitude me met un coup dans le mouv dur... mais ça passe! Tout en libre pour moi excepté cette satané Bullshit... Belle croix même si ce ne sera certainement pas le premier 8a du massif... L'estampillage 8ème degré se mérite et celui si reste un peu facile pour une validation officielle!!

Publicité en faveur d'un retour des grimpeurs dans la vallée du Sélé :

La falaise de Sialouze, a tort relativement peu connue, recèle d'un caillou unique pour le massif. Une tripotée de voies de tous niveaux sillonne la face dans un cadre magique à deux pas des mythiques Ailefroides. La fréquentation en baisse de ce coin de l'Oisans est difficile à comprendre étant donné la pureté de l'escalade qu'on y trouve. Passer quelques jours là haut pour la varappe est une base pour tout grimpeur souhaitant profiter du cadre unique et sauvage des Ecrins. Un voyage initiatique à faire absolument!!

Merci à Diego pour sa patience, son chausson droit et sa compagnie fort sympathique. Encore une légende de la varappe qui ne manque pas de surprendre par son humilité, sa discrétion et sa générosité.

Merci aux ouvreurs : Fred Roulx, Ben Kempf et Francis Elichabe, c'est un chef d'oeuvre!! De plus l'escalade est très bien protégée dans les passages difficiles ce qui la rend accessible pour tout grimpeur évoluant dans le 7b/7b+ à vue en falaise.

Le topo de la voie ainsi que de nombreuses anecdotes croustillantes sont disponibles dans le nouveau Livre Est "Oisans nouveau Oisans sauvage" de J. M. Cambon, une très bonne cuvée avec des croquis précis, des histoires, des photos et toujours l'humour décapant de l'auteur. 

Merci à Raoul et à Sam, vous déchirez les mecs!! Merci pour tout.

Ps : les cotations, légèrement modifiées, sont disponibles au Sélé... Si vous avez le courage de rentrer dans la cuisine!!