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Papa Olan |
Une fois n'est pas coutume, je m'apprête à sortir du département plus de 24 heures. L'angoisse... Direction Papa Olan et sa face NW complètement démoniaque. Haut de 1200m, le coquin ferme le massif des Ecrins dans sa partie sud (au grand damne, d'après la légende, de deux pilotes de mirage qui avaient certainement oublié ce léger détail en percutant à mach balle le dernier rempart méridional du coin...)
Mais pour l'instant le crux, c'est de rester en vie pendant le trajet nous menant au Désert en Valjouffrey. Avec Arnaud Guillaume Himself au volant de sa chiotte sans frein, survivre semble être un défi bien plus dangereux et exposé que notre projet du week end. Les pneus qui crissent et le bruit de casserole de ce Kangoo (ayant par miracle décroché le contrôle technique) ne me rassurent pas... Arrivés au Désert, c'est la délivrance! Marcher trankilou dans la montagne et profiter des lieux...
(La montée à Font Turba présente par ailleurs un paysage délicieux avec un potentiel impressionnant pour les énervés de bloc.)
On débarque au refuge et on comprend vite qu'il s'agit plutôt d'un gîte trois étoiles que d'une cabane pour montagnards nauséabonds. La gardienne est trop cool, l'accueil Tip Taupe et la bouffe... démentielle! Dommage qu'il faille se lever demain, j'aurai bien passer ma journée à me goinfrer en me roulant dans l'herbe tendre de ce coin de paradis. Mais demain c'est varappe, et ça va saigner! On est trop guronzés, la face est à portée de main. Myyyyythique!
Arnaud |
J'ai la chance de partir avec un alpiniste aux multiples qualités, tant techniques qu'humaines. Un grimpeur que je respecte beaucoup. Un peu la pression pour moi que de grimper avec le maître, l'idôle... Un peu comme Hugo 'Abert' gratifié de la préface du Capital... Un privilège.
Et c'est parti! Nous avons décidé de nous lever à 4h soit deux heures plus tard que l'autre cordée convoitant la même voie. L'itinéraire se compose en gros de deux parties, un socle facile de 600m et un bouclier très raide de même hauteur. Le socle est herbeux et donc délicat, exposé, dangereux... Bref un régal au lever du jour! L'arrivée au pied du mur apparait comme la seconde délivrance. Maintenant il n'y a plus qu'à grimper... Avec une corde ce qui est déjà bien plus rassurant, et sur du caillou plutôt que sur des pentes d'herbe, encore mieux! Je me crois donc pour parti tiré d'affaire. Grossière erreur!!
Les premières longueurs après le socle |
Une volée de parpaings de la précédente cordée nous ramène à la réalité. Nous sommes 100 mètres derrière deux grimpeurs évoluant dans du rocher pas toujours très bon... C'est coton.
Au dessus du socle, l'ambiance se creuse |
Les premières longueurs sont raides et difficiles à protéger dans ce rocher rarement très homogène. Il faut rester concentrer avec dans la tête les paroles de Livanos en boucle "Il n'y a pas de mauvais rocher, il n'y a que de mauvais grimpeurs..." Je médite tout cela au relais, en train d'assurer... Pim! Une autre volée, pas très loin de ma tête. J'explose! Je les insulte pendant quelques secondes...
Mais ils n'y peuvent rien, le rocher est pourri et le "Grec" est un gland.
Compagnon imperturbable dans une voie cotée D+ sur notre gauche... Rando dans le V le salaud! |
La suite se calme un peu avec quelques longueurs en 5, l'itinéraire devient plus évident.
Nous arrivons au pied de la dernière partie, avec le crux auquel nous accédons par un 6a en fissure génial à gimper.
Dans le 6a, juste avant la fissure "Cambon-Francou", le CRUX de la voie |
Le crux est constitué d'une superbe fissure diagonale sur la gauche. La grimpe est géniale. Je suis en second dans cette longueur. Après avoir balancé le sac de hissage dans le vide et pris un petit haut le coeur en le regardant baloter, je m'élance. Il est 16 heures, je suis plein cagnard au relais. L'ambiance ressemble plus au Pouit qu'à une face N. Je me régale, cette varappe me comble!! Tout simplement.
Arnaud dans la fissure |
Une belle longueur bien raide |
Il reste quelques longueurs délicates dont un 6a vertical dans des blocs qui a du faire frémir les ouvreurs. Perso je suis les traces de cake des prédécesseurs. Ca passe sans encombre. On déboule au sommet à 18h30... Il fait nuit dans 2h30 et l'orage arrive.
Le 6a de sortie |
Désescalade de l'arête nord avant l'orage |
Merci à la gardienne de nous avoir attendu, un repas chaud à minuit c'est cool!!
& Merci à Arnaud pour cette course.
et est ce que ton idole a osé clipper le nauséabond coin de bois, qui n'est la que pour te sanctionner de son lourd bois massif si l'idée te venait de tirer aux points ?.................
RépondreSupprimerCette voie un souvenir majeur d'aventure en cordée féminine (année 1992 ou 93 je crois), avec une amie aujourd'hui disparue. Nous y avions fait un bivouac glacial, et de très belles longueurs d'escalade. Une face magnifique, une superbe ligne. Ah souvenir souvenir
RépondreSupprimerDément ton coin, des espagnols s'y sont pendus gentiment la veille sans encombre et je n'ai même pas réussi à l'enlever... Le bougre a été clippé et il a l'air béton!! En tout cas c'est une relique qui passe plutôt bien dans cette longueur. Après le friend bleu, le coin de bois nous fait remonter dans le temps. Une longueur historique grâce à toi l'ami!
RépondreSupprimerMôsieur ne grimpe pas avec n'importe qui môsieur...
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