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3 nov. 2011

La victoire est brillante, l'échec est mat

Au matin du deuxième jour,  réveil à R9 dans No Siesta

Après un été particulièrement délicieux, où chaque course se soldait inexorablement par une bière à la saveur exquise, voilà que cette fois-ci le houblon a tourné...

Après un bivouac plus ou moins reposant pour chacun dans la cordée, un vent de panique se lève comme nous nous extirpons de nos duvets. Perchés au sommet de la neuvième longueur, nous avons passé une courte et première nuit dans la face nord des Jorasses. Arrivés vers 23heures au bivouac après une errance digne de ce nom et un také qui me restera gravé pour longtemps dans mon petit cerveau de grimpeur, nous voilà écervelés sur notre promontoire, petits sous l'écrasante paroi du Croz. Pour pimenter un peu, notre corde de hissage est pratiquement sectionnée en son milieu et la réalisation d'un noeud pour sauver les meubles complique encore un peu nos manips. A tel point qu'appeler à l'aide nous parait être la seule chose à faire... Evidemment, à 9 heures du matin un jour de beau temps, alors que tout le monde a encore deux jambes et deux bras, l'action est ridicule.

Continuer parait raisonnable, il reste de la bouffe autant que du beau temps, et même si le premier jour a été laborieux, nous avons toujours une chance... Non?
Pour mes acolytes, la réponse est irrévocable, il faut descendre. Qui a raison? Sommes nous vraiment loin en dessous du niveau de cette voie? Est-ce notre moral qui fond ou bien notre instinct qui nous indique la bonne option? Difficile de savoir où se situe la vérité. En tout cas, pour ma part, je n'avais jamais vécu ces instants de doute aussi fortement. Et si tout le monde n'est pas partant pour jeter tout ce qu'il a dans le projet, dans ce cas, continuer est inutile. La décision est difficile à prendre mais cette face, aussi raide soit elle, ne devrait pas connaitre le sort des Drus d'ici demain, et notre fougue revancharde nous y reconduira sans faute.

Nous redescendons laborieusement jusqu'à la rimaye et filons à Leschaux pour un repas malgré tout bien mérité.

Depuis la création de Défouraillages, la corne du but n'avait plus sonnée sur ma cordée. Elle se repointe et étale son glas malsain. Aussi fourbe que la piqûre d'insecte de Marcellus Wallace... peut être pas aussi douloureuse.

Nous voilà réveillés!


10 commentaires:

  1. que ton article serve d'exemple avant l'hiver....

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  2. Un compte-rendu a faire tourner ! Cela change des articles d'auto-satisfecit postés sur divers blogs où tout paraît facile, où tout semble être pris à la rigolade alors qu'il n'en est rien. Savoir renoncer, tout en évitant d'abuser des secours en montagne, c'est aussi apprendre.

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  3. il faudra y retourner à la flamme bien moyen-ageuse !

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  4. Pas facile à écrire ce genre de chose...mais c'est preuve de maturité. Et ça, c'est important en alpinisme. Je crois que c'est la philosophe Britney Spear qui disait qu'on apprend plus de ses échecs. ;-) Allez, à plus avec les pioches (ou une biére) à la main.

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  5. Bel article, comme tout le reste de ton blog, le meilleur style de tous les blogs de montagne que je connaisse

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  6. TCHOUKOULOUPALPLAPALPLAPLAPLA BONNNNIIIIEEE

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  7. L'intelligence c'est de savoir renoncer
    Je reviendrai sur ce blog digne d'intérêt

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  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  9. bravo,une décision toujours difficile à mesurer, sur le fil du rasoir, mais peut-être tout simplement salutaire. c'est surement ce que l'on peut appeller de l'entre jambe.

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  10. de l'entre jambe ?
    je ne trouve salutairement pas qu'il on eu de la "chatte" dans ce fil du rasoir !

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