Pages

16 nov. 2011

Les Drus, Couloir N




Petite offwidth des familles 



Vendredi 11 Novembre. 

7 mois se sont écoulés depuis notre dernier passage avec ce bon Maël. Impressionné, apeuré, sous pression dans cette sordide gare des Grands Montets... Bon anniversaire! Un boeuf avant l'équarrissage aurait fait pâle figure, c'est sûr. Se jeter la dedans sans expérience, ça pique. Marqué au fer, la queue basse en redescendant sur Cham ce soir là, j'avais malgré tout mis le doigt dans un truc de fou! Après ça trotte dans la tête et ça obsède. L'envie de retourner prendre ma revanche ne m'a pas quitté depuis cette drôle de journée de Mars...

Se faire un peu la main avant d'y retourner quand même! Un été à bourlinguer et me revoici au pied de cette voie, de cette montagne. Un monument pour moi. Les Drus c'est la montagne comme la dessinerait un enfant. Un pic raide, lisse, infranchissable? Jusque là, c'est aussi comme ça que je me la représente... Dur de tout côté. LA montagne. 


Le clair de lune me fixe plein phare. Emmitouflé dans mon duvet, le sommeil ne vient pas tout seul. Le coeur qui tape, l'envie de sortir du duvet et de se jeter dans sa gueule maintenant m'envahit. Maudit Drus. A défaut de dormir, au moins se reposer un peu. Le réveil à 3h30 est une délivrance. L'approche louvoyante sur le glacier est pleine d'interrogations...


Ma dernière sortie en montagne s'est soldée par un échec et la dernière fois que j'ai mis le pied sur ce glacier, j'ai buté... Comme un puceau à bout de nerf, je veux faire la croix à tout prix. Mais ai-je seulement choisi la bonne? Un rateau la dernière fois, un autre avec la copine d'en face... On a connu mieux.

Maintenant on y est. Arrêter de penser et s'immerger. Le spectacle est dantesque au clair de lune. Les arêtes effilées qui coupent le glacier, cette masse sous nos pied et ce mur sur nos tête. Je m'arrache de la rimaye par une raide goulotte encaissée. Les spindrifts fusent et l'ambiance est exceptionnelle. Un mouv après l'autre, j'avance dans le halot de ma lampe. 



Le haut de la voie



Artif dans la fissure Nominée

Chaque mouv est magique, les conditions sont parfaites. Tout est facile. "Good ice and hard snow", ces mots lus peu avant sur le site de l'OHM me tournent dans la tête. J'espère que ça va durer. Nous arrivons au pied de l'artif et sa fissure Nominée qui m'avait tant fumé la dernière fois. On prend le temps, on avance, Rom enquille. La suivante sera pour moi. Un crux qui m'avait paru ultime avec Maël. J'y vais. Les mouvs s'enchainent, mes crampons s'enflamment sur ces belles dalles lisses. Plus qu'une longueur! Rom prend le relais et s'arrache! Il torche la dernière. Mythique!



Premier crux

Maintenant c'est la glace, la pression descend d'un cran. De la pure conti qui déroule jusqu'à la brèche. 300 mètres de corde tendue sur les traces de Jager. On déboule au sommet à la nuit.


Et la glace jusqu'à la brèche

Assis au sommet, sous cette belle lune, c'est la plénitude! Grosse pensée pour mon pote Paulo. Lui aussi salivait sur cette montagne démente. Pas le temps d'y aller ensemble. Dans une autre vie! Bises mon poto.

Merci à Rom pour cette course collector.




4 commentaires: