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Verdon
"Tom et je ris"
Copyright Pehuen Grotti

GMHM

5 oct. 2011

Voie Gervasutti


Romain dans le raide 


Nous sommes mardi matin et le stage du GEAN vient se terminer autour d'un petit dèj princier au bar de "La Source". Entre deux croissants et un café noir, j'entrevois le regard illuminé d'un Christophe au také. Les yeux qui pétillent! Il plane encore sur un petit nuage, perdu au dessus de "No Siesta", la voie phare des Grandes Jorasses. La même passion... Toujours!
Les sourires s'échangent comme les tacles. Le groupe au complet, tous ces gens étranges et fous, authentiques et passionnés. Deux "intrus", Julien Désécures et Bruno Sourzac partagent cet instant avec nous. De retour eux aussi de la face nord, à la journée, pour une combinaison corsée.
Prendre le temps de blaguer avec Maël et Sylvie, de retour des Petites Jorasses, pour empocher une "Beauté du Monde" peu refaite jusqu'alors, écouter les polémiques, profiter de la chance qui nous est offerte de cotoyer des alpinistes hors pairs.

"Les Petites et les Grandes par devant et pas derrière!" En parcourant la sauvage Face Est de ces grandes voraces, nous avons eu, nous aussi, l'occasion de perdre notre pucelage chamoniard avec la manière. Trois jours en montagne pour suivre les pas de ce diable de Giusto, remonté à bloc. Sa Face Est, il l'a ouverte en 1942... Cette date m'a trotté dans la tête à chaque longueur. Chaque doute qu'il a du avoir, je l'ai vécu aussi. Quand, au pied de la huitième longueur, il fait le choix de s'élancer dans ce morceau d'artif déversant, je subis, 70 ans après, l'oppression du vide et l'engagement du maître. Les vieux pitons rouillés sur lesquels je n'ose me pendre, c'est peut être lui qui les a plantés... Je n'ai jamais ressenti aussi fortement l'Histoire en alpinisme qu'aujourd'hui. Peut être parce que pour moi les Grandes Jorasses représente un mythe incontournable, cette dimension historique prend le dessus. 


La sortie au sommet reste en tout cas un moment émouvant dont je me souviendrai encore longtemps. Je savoure égoïstement cette sensation qui me prend aux tripes. Titi, lui, a déjà foulé ce sommet de maintes fois, je ne peux pas partager avec lui ce que je ressens à cet instant. Il fait un temps radieux sur l'Alpe et dormir au sommet de ce morceau d'histoire me fait complètement triper. Le coucher de soleil et l'ombre du Sphinx sur lequel nous somnolons me saisi à nouveau. Je me dis que même si on ne peut l'atteindre, à cet instant précis, j'ai l'impression de ne pas être si éloigné que cela de la vérité!




Retour en arrière, nous partons vendredi matin de Chamonix et traversons le tunnel. Je découvre pour la première fois le versant italien du Mont Blanc. Epoustouflant! Nous nous enfonçons encore dans cette vallée où le calme de ce début d'automne ne me fait pas regretter une seule seconde d'avoir laissé l'Oisans pour ce long week end de beau temps... La voie que nous convoitons ne se laisse pas séduire facilement et l'approche entre sentier et dédale glaciaire nous occupera jusqu'au soir où nous parvenons, au terme de quelques longueurs de mixte, à notre emplacement de bivouac.

 L'approche


Au col des hirondelles
Peu avant le premier bivouac
Vue plongeante depuis le lit
Rom
Autoportrait sur fond de rancoeur délitée
Les Drus sous le soleil du soir 
Nous nous ménageons un espace pour bivouaquer et sombrons dans le sommeil peu après la tombée de la nuit. Le réveil est bien plus facile que ce à quoi je m'attendais. Voilà une journée que nous marchons, une nuit passée ici en pleine montagne, pour ces quelques longueurs de pure varappe. Comment ne pas être motivé? J'ai les crocs et le décollage ne prend pas longtemps. Une longue traversée d'environ 300 mètres constitue notre réveil. Entre neige et rocher, nous nous frayons un chemin rapide jusqu'à l'attaque proprement dite.


Réveil

                     
La face vue depuis le bivouac au petit matin


La longue traversée en rocher médiocre

Après la traversée des vires, la varappe peut enfin commencer! 10 heures de marche et un bivouac qu'on attend ça...
L'enchaînement de ces 10 longueurs en bon rocher est magique. Le soleil inonde cette face pendant environ deux ou trois heures par jour. Il faut être rapide pour profiter de ses rayons. Il nous lâche à la cinquième longueur et nous progressons dans une ambiance qui devient de plus en plus impressionnante. La varappe est soutenue et la longueur d'artif pour rejoindre les rampes finales est du plus bel effet!

Des fissures franches et bien penchées

Le piquant de la voie, une longueur d'artif démente et une ambiance impressionnante!




Une Face Est qui prend le soleil deux heures par jour... L'arnaque!


Du sommet de la voie au sommet de la Walker, il faut compter environ trois heures. 200 mètres de mixte facile puis une centaine de mètres d'arête permettent de déboucher sur la corniche sommitale. Ce final "montagne" compilé à une approche glaciaire complexe et à un bastion rocheux soutenu confère à cette course un caractère sauvage qui m'a ravi. Une vraie grande course complète. Encore chapeau Giusto!!

Dans le mixte sommital, peut avant de rejoindre l'arête



L'épineuse arête menant au sommet de la Pointe Walker
Maison!
La descente jusqu'à la voiture est très longue et exposée aux séracs en permanence ce qui refroidi un peu. Mais l'envie de revenir, peut être en face nord cette fois-ci, me hante déjà...
Coucher de soleil sur le second bivouac, au sommet des Jorasses.
Un beau moment!


Un bel autoportrait de Sim.
 Pas si facile de marcher sur les traces du Giusto...
Un gros merci à Eve GIGI pour son hospitalité et sa patience!

5 commentaires:

  1. Article dément, comme d'hab quoi ;-)

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  2. et ca bouff des culs, jpeux t'envoyer des fleurs si tu veux !

    et continue bien mais pas trop quand meme, faut qu'il en reste à faire avec Bucky !

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  3. Une vie suffira pas.

    Bon vent à vous les pt'ateeees!!

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  4. ca y est après la croix secteur de la Meije tu t'attaque aux grandes jorasse ?

    miam ya de quoi faire !

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