Fond d'écran

Verdon
"Tom et je ris"
Copyright Pehuen Grotti

GMHM

20 août 2012

Gérons la canicule! Face Nord du Pic Gaspard

                     






Voir itinéraire décrit et détaillé dans l'onglet TOPO



Ô toi, ami lecteur ! Copain  fidèle désireux de suivre, tout comme je le fais pour toi, moult aventures, sur de belles cimes, souvent oisanesques ;
Ô toi, passager surpris d’aterrir sur cette drôle de page au fond d’écran incongru, fait de pachydermes aux triples rotules… Rassures toi, je n’en comprends pas plus le sens que toi…
Ou bien toi ! Oui toi, pour qui la montagne est un univers hostile et aussi inconnu que l’est pour moi la mer ou la jungle. Toi qui vient de te parachuter ici parce que tu as tapé discrètement « défouraillage anal » sur Google et que, surprise ! tu ne débarque pas sur un site pornographique  rébarbatif…  Un outil sympathique de ce blog permet de savoir quel mot clé tu as entré pour débouler ici. Ne rougis pas, il y a déjà eu bien pire.
De toute façon tu ne seras pas déçu. Car ici aussi, tout est histoire de coït et d’aventures immorales, tu vas comprendre !

Alors sors cette vilaine main droite de ce caleçon aux lourds relans frénétiques de ta solitude amoureuse et mets toi à l’aise ! Sers toi un café brûlant, une bière bien fraîche, mets toi au vert en fumant une branche ou en mastiquant cette vieille chique que tu affectionnes tant. Qui que tu sois laisses toi bercer par une petite musique d’ambiance et imagines, le temps d’une lecture, mon excitation et mes palpitations.
Imagines cette chaleur caniculaire qui consume le briançonnais en cette mi aout 2012. Imagines nos neurones grillant les uns après les autres dans une sécheresse qu’aucun orage ne vient éteindre. Imagines cette pulsion sommitale qui me saisit, cette envie irrépressible d’aller me jeter à l’ombre d’une grosse bête noire, aussi hostile qu’affectueuse.
Imagines aussi ce qu’est pour un grimpeur l’inconnu, la découverte, ce qu’on appelle pompeusement dans le jargon, « l’ouverture ». Imagines la pouiffante qui vient recouvrir mes mains à l’idée que, peut être, je les frotterai, les coincerai et les blesserai sur un rocher que personne n’a encore ne serait ce qu’effleurer…
Imagines aussi ma possible déception si jamais un grand gaillard, peut être de l’avant-guerre, s’y était déjà rendu. Un jeune loup parti ici parce que les obus auxquels il pourrait se frotter seraient dans la logique de sa liberté, de son choix ! Quel paradoxe en tous cas.
Imagines aussi que pour moi, « l’ouverture », ce terme mythique d’alpinisme, ne me rappelle jusqu’à présent que des champignons géants, des moins 30, des séracs sous lesquels il faut se hâter et au final quatre verges au sommet d’une meringue à peine plus haute que le Grand Aréa…
Imagines avant tout que ce que nous recherchons tous c’est un long coït, en terrain vierge, avec des compagnons de confiance. Tu t’interroges l’ami ? Hâtes toi de revenir au fil de ce récit, de ce pilier que nous voulons suivre, en terra incognita.
Nous ? Et oui je te l’ai dit, l’aventure en montagne, ça se partage. Et là, je m’associe à nouveau à deux conquérants inutiles avec qui, je formerai, je l’espère, une cordée vigoureuse !
Imagines à nouveau cette grosse bête affectueuse, cette face nord balisée de Rouge et de Noir. Le Rouge pour le feu  des parpaings qui, d’après la légende, s’y déversent  et s’y brisent en un artifice flamboyant. Et le Noir pour signifier à quel point cette face si facilement accessible du regard est en réalité au plus profond du cul de l’Oisans. Pour cela, elle est noire… et écrasante aussi. Non pas matériellement, sa hauteur modeste ne rivalise pas à côté de l’Ogre ou des Jorasses, mais belle et bien écrasante sous le poids de l’Histoire du maître incontesté des lieux… Le Gaspard. Cet homme auquel on doit l’audacieuse première de la Meije a laissé ici son nom gravé dan s un gneiss parfait.
Du bistrot du Lautaret, sirotant ta bière ou tirant sur ta branche, tu l’aperçois, formant avec ses voisins le Pavé et la Meije, un prolongement esthétique. Mais l’approcher de plus près, contempler son côté sombre à une centaine de mètres seulement, te coûtera déjà plus d’efforts. Mais imagines aussi que bartasser comme des fourmis sur son échine de glace noire, entre sa toison hérissée de pierriers, nous fait, mais alors, grave bander !
J’avance direct de 36 heures, juste pour t’expliquer le pourquoi de cette débauche d’énergie, lorsque, rousté jusqu’à la moelle, dans ce duvet tout aussi moelleux, je me détends enfin. Juste pour te décrire ce qu’est pour moi un des grands moments de bonheur. Tu connais sans doute le concept de dépression post-éjaculatoire ? Si tu as tapé ces drôles de mots clés pour débarquer ici, tu dois être au fait de cette phase désagréable. Lorsque, te voilà plus léger, tu te rends compte qu’il n’y aura plus de moments aussi intenses que jusqu’à ton prochain coït. Que toute ta vie entre ces deux instants si courts, ne te procurera en aucun cas pareilles sensations. Dans une moindre mesure, se coucher  après une errintante journée de varappe en montagne s’apparente à ce game over fantastique.
Imagines qu’après 15 heures d’effort, de doutes et de sursauts, je débarque au sommet de notre projet. Tu as fait le taf quand, dans les derniers mètres sommitaux, tes bras se lèvent comme pour laisser à ta partenaire cet orgasme tant souhaité. Alors seulement, la longue redescente jusqu’au bivouac te permettra, à ton tour, d’atteindre ces insaisissables moments de bonheur…
J’en conviens, l’idéal serait d’arriver en haut et en bas à la même seconde… Mais c’est en opposition avec notre éthique de montagnards pure souche. Le retord salvateur du PG ne doit en aucun cas souffler dans cette débâcle et il ne tiendra qu’à toi de rendre la descente aussi rapide et sereine que possible. En cela, je dois dire que les  Baise Jumpers ont une légère longueur d’avance, mais ceci est discutable…
Les voilà donc en route, deux lurons que déjà, tout rallie. Pas de corde encore dans cette vaste plaine, mais des constats et des évidences communes qui les rapprochent et les aimantent. En quelque sorte cette immersion douce en simple randonnée déjà me constitue, moi, la cordée. Si troisième homme il devait y avoir, ce serait moi, assurément. Je m’impose donc peu à peu, on me (re)construit au détour d’une vasque limpide, d’un couché de soleil féerique, d’une brise descendante si agréable. Un repas commun me permet de me frotter aux autres « troisièmes hommes », colosses ou vieillards titubants, ils feront tous partis de la réussite ou de l’échec de ce jeu magique qui se jouera demain.
Sous la grotte du Pavé, extérieure au refuge, je trouve justement mon troisième lit et m’étend sereinement. Je ne trouverai le sommeil que lorsque mes deux créateurs, ensemble, se détendront. Un « ET » exclusif en somme !
Vivotant comme cette faible bougie à 3 heures du matin, je me sentirai grandir au cours de l’accès, 6 longues heures pour parvenir à pied d’œuvre. Puis je me ferai flamme puissante tout au long de ce gneiss magnifique puisqu’ici, un seul d’entre eux suffira à nous porter jusqu’au sommet. Le « OU » me suffira alors pour que l’orgasme sommital se concrétise enfin. Je ne serai plus alors qu’un souvenir pour les deux autres et m’effacerai avec les premières herbes, quand le paysage se fera plus humain, moins hostile. Concept éphémère, je m’endormirai alors ; statique, dans les couleurs ternies d’une vielle photo que l’on garde avec soi. Pour mieux me reconstruire ??

6 commentaires:

  1. c'est quelque fois bien ne rien comprendre, ça rend les choses féerique et inexplicable rationnellement ! bravo pour ce petit tour au pays de l'imaginaire du 3eme type ! et bravo pour cette belle ouverture rafraichissante sur ce sommet remplie d'histoire !

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  2. Putain, le style, c'est du pur bashung: superbe envolée grimpo - lyrique.
    Signé, un modeste grimpeur chambérien

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  3. moi je suis fan !

    as tu lu "Face Nord" du collabo "St Loup" ?

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  4. Sympa votre petite TD+.
    Non je plaisante!

    Bravo Max d'avoir dégoté cette super ligne.
    Si tu commences à montrer les belles lignes à ouvrir aux vieux loups, alors là je dis chapeau!

    Bonne continuation. Stéphane

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