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Verdon
"Tom et je ris"
Copyright Pehuen Grotti

GMHM

1 nov. 2012

Original

     La route qui mène à la falaise reine, St léger du Ventoux, est longue et sinueuse... c'est un fait. C'est pourquoi s'y rendre entre copains retourne plus du choix des commères de l'Alpe que de la pression écologique du covoiturage. Une fois bien en place, entre pizza aux anchois pour les uns, tarte aux flans pour les autres, les langues peu à peu se délient. Bien sûr il n'est pas question ici de régler utopiquement le conflit syrien mais bel et bien de clabauder, calomnier voire même, et j'ose le terme, vilipender sur les actions passées ces derniers temps dans l'Alpe. 
     "Radio Chamonix" s'étant expatrié en Chine, il va nous falloir se faire autonome sur les ragots. Ma foi tanpis, on s'en sortira peut être. D'autant plus que Perrine n'est pas dans la voiture, c'est donc sans grands états d'âme que jaillissent entre les pâtisseries malsaines les racontars les plus pernicieux. En la matière, parler montagne avec Mathieu Détrie quand sa déesse s'absente relève d'une des passions qui m'habite. Cet historien, véritable Père Fourras de l'alpinisme, possède une culture et un oeil attentif à ce qui se trame autour de lui et il est bon de le piquer avec quelques remarques innocemment disséminées. 
     Au détour d'une odyssée au long cours, après les longues lignes droites de l'Himalayisme, nous voilà arrivés sur une colline butoir, sûrement une question d'égo. Centrale et épineuse problématique de l'originalité ou comment faire de quelques actions bien choisies un masturbât général sur l'alpinisme. En d'autres termes c'est un débat du niveau de l'oeuf et de la poule. Construisons nous des projets alpins avec au fond de nous mêmes une cohérence à laquelle on croit profondément. Un projet qui nous colle à la peau, que l'on souhaite achever au plus profond de nous mêmes, une "fin" en soit, sans mauvaise foi. Ou bien seulement pour l'unicité. Unicité comme étant LE premier à compiler telles ou telles voies, ce qui permet évidemment d'exister dans le milieu, de se démarquer de la pratique des voies dites classiques et qui n'en sont pas moins difficiles. En d'autre terme est ce que je grimpe pour moi en hommage à un copain, à une idôle, sincèrement. Ou bien est ce que je me sers de cette action bien pensée et touchante pour me valoriser? Pour conclure sur cet épineux sujet, je me pose une seule question, est ce que j'y crois profondément?
     Il est évident que l'originalité est un moteur de la progression en Alpinisme, tout comme dans d'autres domaines. C'est la flamme qui a démontré l'impensable. Bivouaquer à plus de 8000 mètres sans forcément arriver à une issue morbide, se déplacer à plus de 50 kilomètres heure dans une voiture sans que nos viscères se mettent à se fendiller puis à exploser comme on le pensait à l'époque, passer la vitesse du son pour un humain en chute libre pour les fans de Red Bull Stratos et en revenir comme la plus grande star de la décennie, ça aussi c'est de l'originalité. 
     Pour les records tels qu'on peut les lire dans le célèbre livre les synthétisant, du plus débile au plus crétin en passant par le plus toxique, il est facile de caractériser une démarche purement égoïste qui met en valeur par exemple cet américain malheureusement décédé après avoir ingurgité plusieurs douzaine de cafards... Le con!




     Et alors, en alpinisme aussi des gens meurent pour être le premier et je suppose que si le club de mangeur de cafards du coin lisait qu'on meurt sous des séracs, lui aussi pourrait lâcher un "Quel con!" synthétique de ce qu'il connait de l'activité. 
     Ces mauvaises digressions pour poser la question de l'originalité en montagne. Et franchement même si sur la forme je peux paraître critique, je respecte toutes les démarches de l'alpiniste. On prend tous des risques qui nous exposent et qui nous permettent d'atteindre un but instantané, une croix de plus ou une étape dans notre progression... Chacun sa démarche, tout le monde vient chercher là haut quelque chose qui dépasse le rocher, le mixte ou la pentouze. Quelque chose qui lui appartient.
     Alors c'est sûr que comparer le Guiness Book avec l'alpinisme, ça tue un peu le mythe du grimpeur évoluant avec pour seul objectif son plaisir et son évolution personnelle. Et pourtant je sais qu'il y a des gens à la modestie superbe qui grimpent seulement pour eux mêmes. J'en connais et je les respecte pour cela. 

J'espère qu'un jour j'en ferai partie!



2 commentaires:

  1. Encore une fois une belle prose .....Mais petit questinnenemnt de la part de notre sérial défourailleur.

    Oui il y a de telles personnes mais très peu sont ce qu'elle voudrait faire paraitre.
    Et puis l'objectif est il de vouloir ressembler a ce qu'on aimerait être? l'essentiel n'est il pas trouver sa façon de faire et d'y être bien...!!!
    Sinon censuront ce media que je ne saurai admirer...

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  2. Merci pour cette réflexion qu'on ne devrait jamais perdre de vue. L'originalité ne se conçoit qu'en comparaison aux autres, voilà pourquoi elle me dérange. Seule l'intention compte en montagne ou ailleurs. De cette intention, la conscience est seule juge. Le reste n'est que mesurage d'appendices.
    Tchô.

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